Est-ce que les voyages sont devenus contre mes valeurs ?

A mon retour d’Australie, j’ai eu envie de vous livrer un premier article autour de la question suivante : Est ce que les voyages sont devenus contre mes valeurs ? Vous le voyez sur le blog, je prête attention à ma consommation de plus en plus souvent. Cela passe par de petites habitudes que j’ai mises en place, dans mon alimentation notamment. De jour en jour, je me tourne vers des options plus respectueuses de la planète et de ma santé. Malgré tout, je ne peux pas affirmer être une fervente défenseur de l’écologie. Disons que je m’améliore pas à pas. Et là-dessus, ce voyage m’a fait réfléchir.

Cela a commencé dès l’avion. Nous avons eu droit à plusieurs plateaux repas en plastique emballés dans divers petites bacs plastiques : un pour l’entrée, un pour le plat, etc… Pour chaque rafraichissement, on nous donnait un verre en plastique différent. Autant dire qu’en douze heures de vol, il nous en a fallu un paquet… J’ai alors compté le nombre de verres que j’avais dû utiliser durant ce trajet, et puis le nombre de passagers présents dans cet avion… Cela faisait tellement de plastique pour un seul vol. Combien d’avion de ce genre décollent chaque minute ? Beaucoup. Trop. De quoi avoir le tournis.

En voyant cela, je me suis dit que finalement mes efforts ces dernières semaines pour réduire mes déchets venaient de tous s’envoler d’un coup. Ca n’avait plus aucun sens. C’était incohérent. Et là, je me suis sentie coupable car en réalité, cette consommation était totalement évitable. Comment l’expliquer alors ? Je crois que sur le coup, tu es pris dans le truc et tu n’oses pas proposer quelque chose de différent. Comme si l’hôtesse te répondrait : Madame vous êtes dans un A380 et vous vous inquiétez de votre consommation de plastique ?

Au final, ce voyage a été fait de nombreuses prises de conscience. En son cœur la question était : est-ce que le voyage est devenu contre nos valeurs ?

C’est vrai, nous avons fait 17 000 km pour découvrir des paysages grandioses. Pourtant, de beaux paysages, il y en a aussi pas loin de chez moi. Par exemple, je sais que mon séjour en Grèce reste un de mes plus beaux voyages. Ca aurait pu s’arrêter là finalement…

Voyager est un plaisir. Un plaisir que je m’offre en pensant d’abord à mon bien être. Oui, en pensant surtout à moi. N’est-ce pas égoïste vis-à-vis des autres et notamment des futurs habitants de la Terre ? On peut parler des arguments pour le voyage « cela ouvre l’esprit et le cœur », « ça forme la jeunesse. », mais au fond arrêtons de se mentir, on peut très bien s’en passer.

Mais le trajet en avion n’a pas été la seule chose. Ce voyage m’a confronté à de vraies difficultés dans ma consommation. Depuis un an, je ne consomme plus tout ce qui est industriel ou transformé. Je prépare des gâteaux maisons pour le goûter, je fais mes propres plats en sachant exactement ce qu’il y a dedans (un maximum de produits bruts). Lorsque je vivais en France, je mangeais des salades cultivées dans mon jardin, avec du vinaigre fait maison. En Espagne, je pressais mes oranges, je faisais des pâtes brisées maison. Ce sont des gestes qui sont devenus naturels chez moi, je prenais même plaisir à le faire. Peu à peu, j’avais éliminé les produits chimiques dans ma salle de bain et je commençais à me renseigner pour faire ma lessive maison.

Arrivés en Australie, il nous a fallu acheter des produits d’hygiène (car nous voyageons sans valise en soute). J’ai recherché pendant de longues minutes le produit le plus naturel possible dans les rayons. Rien n’était bio, rien n’avait l’air clean. Alors que faire ? A un moment, tu es là pour profiter de ton voyage, tu ne peux pas faire quinze magasins pour trouver ce fameux Graal. J’ai fini par prendre le moins pire du lot et j’ai laissé tomber les principes que j’avais mis au centre de ma vie ces derniers mois. En vérité, ce n’était pas si simple. Toutes les douches que j’ai prises ont remué le couteau : « Ah encore ce shampoing dégeu ! »

Autre souci, pour manger. Nous n’avions pas de cuisine ou de plaque de cuisson, mais faute de budget, nous mangions souvent le soir à la maison. Là, c’était la cascade de produits pourris…. Faute de mieux, nous avons mangé de la salade composée dont la sauce fournie avec était louche, des muffins industriels, des nouilles instantanées, une soupe en sachet type Royco… Parce qu’honnêtement on a galéré à trouver mieux. Sur le coup, ça va, tu te dis que c’est exceptionnel. Mais en fait, je crois que c’est devenu trop important dans nos vies pour être mis de côté trop longtemps. Au bout d’une semaine, faire les courses est devenu un lot de disputes quotidiennes, en bataillant à chercher le truc à peu près mangeable parmi les rayons.

Evidemment, passer de produits bruts à une ribambelle de E*** et produits transformés a eu son lot d’effets négatifs. Notre corps n’a pas trop aimé et nous sommes tombés malades tous les deux durant ce voyage. Sachant que je suis malade moins d’une fois par an en général, ça m’a fait me remettre en question. Qu’est ce que j’étais en train de faire vivre à mon corps et dans quel but?

Au départ, tu te dis : « Allez tant pis, ça ira pour cette fois » mais au bout d’un moment, j’en ai eu marre, vraiment. Ca a même pris le dessus sur mon plaisir de voyager. Je ne comprenais pas pourquoi je devais faire cette concession. Attention, ce n’est pas comme être déçu de ne pas trouver de pain frais au-delà de mes frontières, là, je crois que c’était mettre de côté mes principes. Chaque jour, je prête attention à écouter mon corps, à ma santé, à la planète mais là bas soudain, ça ne comptait plus ?

Bien sur, on aurait pu faire mieux, rechercher plus, s’arrêter en fonction de magasins avec des alternatives. Mais cela revenait parfois à mener une véritable guerre. Nous n’étions pas partis pour la mener. Encore heureux, je n’ai jamais eu à faire de concession sur mon végétarisme, mais ça me semble fou quand j’y pense. Chez moi, la question ne se pose même pas, je fais forcément selon mes valeurs et mes ressentis. Pourquoi là-bas, ça devenait différent ? Pour s’offrir une expérience de vie, aussi riche soit elle, dois-tu à ce point te mettre de côté ?

Et puis, ces avions que nous avons empruntés, il faut voir à quel point ils polluent. Les plateaux repas en plastique ne sont rien par rapport à cela. Mais ce n’est qu’une pièce du puzzle encore une fois. Un jour où nous étions malade, j’ai choisi de voir le documentaire Before the flood réalisé par Leonardo Di Caprio au sujet du réchauffement climatique. Pour moi, ça a été une piqure de rappel sur l’implication à avoir pour l’environnement. Quand je suis en France, elle est déjà loin d’être suffisante ou exemplaire mais alors avec ce voyage, en prenant l’avion puis la voiture chaque jour, en étant contraint par moment de manger de l’huile de palme, en changeant d’hôtel chaque jour (serviettes/draps à laver)… Tout cela donne finalement un sacré impact écologique.

Alors oui, j’aime voyager, les voyages m’apportent des choses magnifiques. Ils nous font nous en apprendre sur nous-même, notre couple ou la vie en général. J’en suis rentrée chargée de magnifiques souvenirs. Clairement, ce n’est pas ma bataille pour trouver des nouilles sans huile de palme qui va rester gravée dans mon cœur par rapport à ce séjour, mais malgré tout… Il a soulevé une question importante.

Que faire pour continuer d’être qui je suis en voyage ? Est-ce que ça vaut le coup de voyager ? Est-ce que je peux vraiment parler d’écologie et de produits green quand je prends des avions tous les mois et fait des road trip ? Est-ce que je peux éveiller les consciences sur la nécessité de changer nos habitudes en vivant moi-même de façon égoïste ?

Dans ma vie, j’essaye de manger bio et local et d’en faire une habitude ancrée. J’ai réduit pas mal mes déchets. J’ai fait le pari de n’acheter rien de superficiel pendant six mois depuis Janvier 2018. Mais tout cela a t-il vraiment du sens si je continue à partir à l’autre bout du monde pour mon propre plaisir ?

Ce n’est pas un sacrifice pour moi d’avoir ces nouvelles habitudes dans mon quotidien. C’est ainsi que je me sens alignée à moi-même. J’ai l’impression de me respecter et de respecter le monde et la nature. Du coup, mettre cela de côté est devenu aujourd’hui un gros point négatif dont je viens de me rendre compte aujourd’hui. Je crois que ce n’est plus possible de fermer les yeux.

Il y a peu, je ne me posais pas ces questions sur ce que je mangeais réellement ou ma façon de consommer…. Mais ça a changé rapidement, et à ce jour, c’est au premier plan dans ma vie. J’essaye de m’améliorer, mais les voyages étaient à part par rapport à cela. Comme un plaisir que l’on s’offre de temps en temps, comme si mes habitudes du quotidien rééquilibraient la balance. En réalité, j’ai pris conscience que cela ne suffisait plus pour moi.

Malgré cela, je ne pense pas que je puisse avoir un jour zéro impact sur la planète. Quoiqu’il arrive il y aura toujours quelque chose de moins bien dans ma façon de consommer. Oui, notre vie aura toujours un mauvais impact, même si l’on ne mange pas de viande, que l’on devient zéro déchet. J’aurai toujours besoin d’électricité, au moins pour mon travail, j’ai besoin de consommer de l’eau et quelques emballages. Je peux faire de mon mieux, mais ce ne sera pas parfait. Alors, est ce que je devrais prendre des mesures aussi radicales que de me dire : je ne vais plus voyager car cela a un impact sur l’environnement?

Sur internet, je suis tombée sur de nombreux articles qui m’ont aidé à mener ma réflexion.

Intérieurement, je crois que faire le moins de mal possible à la planète c’est ok pour moi, mais me priver de m’accomplir dans ma vie pour respecter ce principe, c’est trop. Comme je le disais, mes nouvelles habitudes se font peu à peu, sans jamais avoir l’impression de me priver. C’est naturel pour moi de faire un geste sur certaines choses. Et si c’est si facile à mettre en place, c’est parce que selon moi ça n’a aucune répercussion sur ma vie. Que je prenne un mouchoir en papier ou en tissu, au fond, c’est la même chose, que j’utilise un produit bio ou pas bio, ça ne change pas mon quotidien. Arrêter de voyager, au contraire, ce serait un véritable sacrifice.  A partir du moment où je me pose la question « est ce que je dois le faire ? », je crois que ça signifie que je ne suis pas prête pour cela. Pour certains, c’est une habitude évidente et c’est vraiment louable. Un jour, cela sera peut-être une évidence pour moi aussi, comme mon choix de ne plus manger de viande.

Mais voilà, je me pose cette question aujourd’hui. Si elle me vient en tête, je crois que c’est pour en faire quelque chose.  Alors oui , j’ai envie de changer ma façon de voyager. Réfléchir avant de partir loin et tenter de trouver des alternatives. Pourquoi pas faire du covoiturage, prendre un bagage en soute qui nous permettrait de trimballer mes produits habituels afin de réduire le problème auquel j’ai été confronté en Australie? Ceci permettrait aussi de prendre des serviettes de toilettes pour ne pas utiliser celles des hôtels, des gourdes pour l’eau. Pourquoi pas ramasser quelques déchets que je trouve sur mon chemin lors de mon voyage, dormir plutôt chez l’habitant que dans un maxi complexe hôtelier… Ce sont de petits gestes, mais ils peuvent je pense réduire l’impact de mes futurs voyages. Je suis sûre que je pourrais trouver au fil du temps de nombreuses solutions que je n’ai pas pu adaptées lors de ce séjour. J’ai bon espoir de trouver un équilibre entre mes habitudes et ma réalité en voyage.

En attendant, j’aimerai vraiment lire votre avis sur cette question. Si vous êtes un voyageur régulier, avez-vous conscience de votre impact écologique ? Comment le réduisez-vous ? Vous interdisez-vous de voyager pour des raisons écologiques ?

Note: La photo du koala a été prise dans un hôpital pour koalas tenu par des bénévoles et non dans un parc exploitant les animaux.