Inspiration : Isabelle, professeur de yoga et future naturopathe.

Isabelle est une jeune femme lumineuse, naturelle, douce et passionnante. Professeur de yoga à Thonon les Bains et également étudiante naturopathe, elle partage ses réflexions et connaissances par des articles très complets sur son blog ou en vidéo.

Je l’adore et vous ne pourrez que l’adorez, notamment une fois que vous aurez entendu sa voix si paisible. Je suis tellement reconnaissante d’avoir rencontré des personnes comme elle grâce à Instagram, j’espère qu’à la suite de cette interview, vous comprendrez mon coup de coeur pour cette belle âme.


1. Pour commencer, peux tu te présenter? 

Hello à toutes et tous! Je remercie très chaleureusement Lucie qui m’a proposé ce joli échange. Je m’appelle Isabelle, je viens d’avoir 28 ans (déjà!). Je suis instructeur de yoga et je vis actuellement à Thonon les bains, en Haute Savoie mais je suis née et j’ai grandi dans les montagnes des Pyrénées orientales.

2. Pour toi le yoga est-il un sport ou plutôt une activité spirituelle?

Pour moi, c’est les deux. Le yoga nécessite une implication physique. Notre corps est notre instrument en yoga. Mais c’est bien sûr une activité spirituelle car il aide l’esprit à se libérer des peurs, des croyances et des limites. C’est une forme de transformation, à travers le corps et l’esprit. Certaines formes de yoga, très physiques sont extrêmement spirituelles car elles nécessitent une grande volonté. On repousse ses limites et on affronte ses faiblesses. Je pense à l’Ashtanga par exemple et même au Vinyasa.

Donc, au lieu d’opposer le sport et le yoga, je pense qu’on peut penser à ces deux pratiques comme à une très bonne association. (Elle l’explique d’ailleurs ici.)

3. Qu’est ce que le yoga t’a apporté dans ta vie? Et à quel moment tu t’es dit “Je veux en faire mon métier”?

Le yoga m’a apporté la capacité à me connecter à mon corps. A l’époque, je n’en avais pas conscience, je ne l’écoutais même pas ! C’était un étranger. Il m’a permis de vivre ma vie différemment, d’être plus ancrée, ici et maintenant.

J’ai eu envie d’en faire mon métier car en sachant l’aide qu’il m’a apporté, j’avais besoin de partager cette pratique.  J’étais fonctionnaire avant d’être prof de yoga et je ne me sentais pas à ma place. Je suis plus à l’aise et je pense plus aider en faisant ce que je fais aujourd’hui. Je crois aux pouvoirs du yoga, c’est ce que j’aime transmettre.

Même si je crois aussi que certaines passions doivent rester à l’état de passion, pour les pratiquer quand on en a l’envie.

4. Tu suis aussi une formation en naturopathie, qu’est ce que la naturopathie en quelques mots et quels peuvent en être les bénéfices?

La naturopathie, c’est comprendre encore un peu plus comment notre corps fonctionne. Comprendre l’alimentation, comprendre les mécanismes des maladies, trouver des manières naturelles de se soigner, et utiliser ce que la nature fait de mieux pour être en meilleure forme possible. La santé est un trésor ! La naturopathie permet de la préserver en traitant la globalité de l’être. Par exemple: on a des boutons? Notre foie est peut être saturé.

C’est une manière de penser qui va à la source et c’est passionnant ! Ce que j’aime par dessus tout dans ces études, c’est que c’est en constant changement. On est sans cesse obligé de remettre en question ses connaissances en fonction des nouvelles recherches, de nos expériences, des individus qu’on rencontre. C’est un apprentissage à vie, quelle motivation pour apprendre tous les jours !

5. Quelle différence fais tu avec l’Ayurveda?

L’Ayurveda est la médecine traditionnelle de l’Inde, c’est aussi une forme de naturopathie, dans la mesure où on traite la globalité de l’être et non pas un symptôme. Par exemple, en naturopathie, Ayurveda ou médecine traditionnelle chinoise, aucun individu ne sera soigné de la même façon. Le traitement est individualisé.

C’est, à mon sens, ce qui manque le plus à la médecine « moderne », allopathique, dans la mesure où on traite les symptômes sans trop s’intéresser aux causes. Et surtout, on traite tout le monde de la même manière.

En naturopathie, ayurvéda ou médecine traditionnelle chinoise, chaque individu a ses propres spécificités qu’il faut comprendre et respecter.

L’Ayurvéda me passionne également, de même que la médecine traditionnelle chinoise sur laquelle je me penche un peu en ce moment. Après mes études de naturopathie, je pense que je ferai des formations complémentaires. Le plus dur sera de choisir.

Ce sont des médecines millénaires, enrichies par les expériences et avec une dimension philosophique très forte. J’avoue avoir plus confiance en une médecine qui s’est forgée sur des milliers d’années de pratique qu’en une médecine qui prône la nouveauté…et dont on découvre les effets secondaires un peu trop tard.

6. Que penses tu de la douleur en yoga? Je lis actuellement un livre de B.K.S Iyengar qui nous explique que “dépasser sa douleur” dans la pratique est un moyen d’entrainer notre esprit à dépasser les évènements douloureux de la vie, mais j’entends souvent que la posture de yoga ne doit pas provoquer d’inconfort. Comment te places tu par rapport à cela?

Hahaha, très très bonne question. B.K.S Iyengar était un sacré personnage. J’aime beaucoup son approche du yoga. Selon moi, les deux affirmations sont vraies. Ce qu’on appelle douleur en yoga, est parfois apparenté à de la peur. Attention, si on a des pathologies lourdes, on ne va pas s’amuser à se forcer dans la pose! Mais il faut trouver le moment, dans l’asana (la posture), où on peut aller au delà de cette douleur, de nos peurs, de nos croyances aussi…avec notre esprit et notre respiration. Iyengar était un maître dans l’art du pranayama.

Je crois sincèrement au pouvoir du souffle sur nos douleurs physiques. Et bien sur, sur d’autres plans aussi.

Physiquement, nous sommes capables de bien plus que ce que nous pensons…Si je dois interpréter la citation de Iyengar, c’est ce que je dirai. Les asanas sont souvent inconfortables, à nous de trouver le moyen de nous adapter avec l’alignement (très très important), notre esprit et notre souffle. Un peu comme dans la vie au final !

L’alignement d’une posture de yoga est ce qui la rend « efficace », sûre et belle. Dans la vie, quand certaines choses ne sont pas alignées (le côté financier, nos envies, notre entourage), on se sent inconfortable. Idem en yoga : si on n’accompagne pas correctement la posture avec le souffle, si on n’arrive pas à s’aligner, nous n’aurons pas de résultats. Mais pire, nous pourrons nous blesser! C’est pour cela qu’il est parfois bon de « reculer » dans sa posture.

Moi qui ne suis pas souple, je peux vous dire que c’est une leçon au quotidien! Mais quand on accepte de reculer, on réalise que les effets se font ressentir car on est exactement là où on doit être…

7. Est ce que tu penses aujourd’hui être au bon endroit au bon moment dans ta vie? Qu’est ce que tu dirais à l’Isabelle d’il y a dix ans sur le parcours qu’elle va prendre?

Je ne m’attendais pas à cette question mais je suis très heureuse que tu me la poses. Je suis exactement là où je dois être. Cela ne signifie pas que tout est rose et beau, cela signifie juste que je suis heureuse et sereine par rapport au chemin que j’ai choisi. Et si je devais rencontrer l’Isabelle qui avait 18 ans… Je la prendrai dans mes bras, mais surtout je lui dirai « T’inquiète pas, ça va aller. Continue, avance, c’est ça le plus important ».

8. Comment a réagi ton entourage quand tu leur as appris ce que tu voulais faire? As tu eu des moments difficiles quand tu as choisi de prendre cette voie?

Pour être honnête, il y a eu des encouragements mais aussi beaucoup d’incompréhensions. J’étais fonctionnaire, autant dire que c’était un peu quitter la proie pour l’ombre.

Je comprends les inquiétudes de mon entourage, et je sais aussi qu’il y aura de longs mois de galères avant d’arriver à pouvoir vivre de mes passions. Ce qui m’a aidé à prendre cette décision, c’est de comprendre qu’on ne doit pas vivre pour les autres, même si ce sont nos proches. Cela ne signifie pas qu’il faut couper les ponts, bien sûr, juste avoir du respect pour les critiques, les inquiétudes tout en expliquant pourquoi on choisit cette voie.


Ce que j’ai aussi réalisé, c’est que prendre la décision n’a pas été le plus dur, c’est de persévérer qui demande le plus d’énergie. J’ai été très vite confrontée à de gros problèmes financiers…Au bout de 4 mois à peine! Mais finalement, que ces problèmes me soient arrivés si vite est une aubaine, ça me force à penser différemment et à trouver des solutions.

Peu importe la voie que l’on emprunte, il y aura toujours des hauts et des bas. Il ne faut, selon moi, ni se laisser trop galvaniser par les hauts, ni se laisser déprimer par les bas. Continuer de mener sa barque, en avançant, jour après jour, voilà le leçon que j’ai apprise.

9. J’ai l’impression que les yogi expérimentés sont toujours calmes et zen, est ce que tu parviens à toujours gérer tes émotions? Si oui, comment fais tu ? Si non, montre nous que tu es humaine toi aussi… (rires)

Je suis loin d’être tout le temps calme et zen. J’étais une grande sensible, très émotive et stressée. Je vais mieux, je me soigne disons. Plus sérieusement, je reviens au souffle, à la respiration. C’est cette pratique qui a le plus fait changer les choses en moi.

Un jour, j’avais lu cette phrase « Respirer, c’est faire de l’espace entre ses cellules ». Alors quand on se sent à l’étroit, étouffé ou qu’on a besoin d’espace, respirer consciemment peut faire la différence. Mais même en sachant cela, je perd parfois mon calme pour des broutilles…Mais bon, je me dis aussi qu’on doit accepter ces moments d’imperfections, sinon, on s’embêterait un peu non?


10. Qu’est ce que tu conseillerais à quelqu’un qui souhaite devenir professeur de yoga? Est ce qu’on en vit facilement?

Pour devenir professeur de yoga, il faut être dévoué au yoga. J’ai écris un mail à ma prof, Irana, il y a quelques jours. Elle m’a dit « Maintenant, ta vie c’est le yoga. Continue, persévère et tu évolueras. N’attends pas les résultats, ils viendront d’eux-mêmes ». Si on n’est pas prêt à se lever tous les jours et pratiquer, ce n’est pas la peine. Si on veut apprendre, partager et évoluer avec les élèves, avec ses amis, avec ses proches…Là, on doit tenter l’expérience!

On ne vit pas plus facilement qu’avec un autre métier. La clef (et je suis en train de travailler là dessus) est de s’adresser à une communauté précise. On ne peut pas faire un yoga qui plaira à tout le monde. Chaque prof est différent et a sa manière d’enseigner. Une fois que l’on sait ce qu’on aime partager par dessus tout, il faut se fixer là dessus et faire grandir, petit à petit notre communauté. C’est pour ça que je suis ravie d’avoir un site internet, ça me permet d’évoluer avec mes lectrices et mes lecteurs.

11. Tu as plusieurs casquettes aujourd’hui, comment parviens tu à combiner tout cela? Le yoga, la naturopathie, tes autres passions, ta vie à côté?

Ce serait mentir que de dire que tout coule de source. Il faut s’organiser et c’est ce que j’essaie de faire…J’ai mis de côté ma passion pour la montagne pendant 4 mois, maintenant, je pense travailler avec. J’essaie de combiner au plus possible mes passions. Les révisions de naturopathie me prennent beaucoup de temps, mais c’est tellement passionant que je n’ai pas l’impression de travailler. Je pense naturo, je mange naturo…Bref, ça infuse ma vie et j’en suis très heureuse.

Le plus dur à gérer est la famille, trouver du temps pour la voir, surtout quand on vit loin. La vie d’indépendante est dure dans la mesure où pour prendre des vacances, il faut avoir l’argent! Les congés payés n’existent pas, il faut mettre de côté ou trouver un moyen pour gagner de l’argent sans devoir donner des cours toute l’année et tous les jours.

12. Est ce que tu as de l’espoir dans le monde de demain? 

Il y a des choses atroces actuellement, mais aussi des personnes extraordinaires. Alors j’ai fait le choix de m’inspirer de ces personnes que j’admire, qui risquent leur vie pour la paix, pour l’égalité, pour l’environnement. On peut être une goutte d’eau dans l’océan, mais une goutte d’eau peut faire déborder le vase. Nous avons tous une part de responsabilité dans ce qui nous révolte. Nous avons le pouvoir de faire changer les choses, à notre niveau. Choisir de changer son mode de vie est déjà un acte militant. Notre véritable pouvoir passe par notre consommation par exemple.
Le vrai danger est de se laisser « endormir », de se dire que de toute façon, tout est foutu, ce qu’on fera ne peut pas changer le monde. C’est peut-être très utopique de penser différemment, mais c’est ma manière de garder espoir !


13. Je sais que tu es aussi passionnée par le développement personnel, alors, je te laisse le mot de la fin pour laisser ton message inspirant aux personnes qui nous lisent  :

“Si tu as peur de te lancer, j’aimerai te dire que tu n’as pas besoin d’attendre que tout soit parfait. Au contraire, si tu fais des erreurs, prend les comme des aubaines pour t’améliorer. Tu vis pour toi, pas pour les autres. Ne prend pas le risque de passer à côté de ta vie. Et fonce !”