Je ne suis pas “végétarienne”.

Je crois qu’aussi loin que je me souvienne,  j’ai toujours adoré les animaux.  J’ai souvent pensé qu’ils avaient une âme aussi belle que la notre. Mon coeur se remplit d’amour quand j’en vois un.

Malgré tout, je mange de la viande depuis au moins 20 ans. Parce que chez moi, c’est ce qu’il y avait à manger à chaque repas. C’était dans mes habitudes et j’adorais ça.

La viande et les animaux étaient deux choses à part pour moi.

Ma prise de conscience s’est faite à La Réunion il y a un an. Dans un supermarché un jour, j’ai vu un petit cochon sous plastique, entier, vendu comme tel. Et je me suis dit: En fait, la viande, c’est un animal. Mort.

Ca m’a un peu peiné, mais j’ai continué avec mes vieilles habitudes. Et puis cela travaillait dans ma tête, j’ai eu du mal avec le bœuf d’abord. Le sang qui en sortait me rappelait qu’il appartenait à un animal.

Naturellement, et peu à peu, j’ai eu envie de diminuer ma consommation.

Je ne peux pas dire que je n’ai pas été influencée dans cette démarche, par ce que je voyais sur les réseaux sociaux, par mes amis qui étaient devenus végétariens eux même. Et tant mieux, leur partage était fait dans ce but là.

Je crois que cette prise de conscience allait de pair avec mon développement personnel. Comme je l’explique dans mon Ebook, j’ai pris conscience que tous les êtres vivants étaient liés d’une certaine façon. J’ai changé ma sensibilité par rapport à la nature, au monde qui m’entourait. C’est devenu une évidence que je devais protéger les animaux autant que possible. Je ne pouvais participer à faire souffrir autant les êtres autour de moi.

Depuis que je suis en contact chaque jour avec des chiens, je suis devenue totalement fan de ces animaux, si intelligents, capables de ressentir nos jours moins bien, capables de tout nous faire comprendre. Alors un chien ou une vache, quelle différence en fait?

Je ne me voyais pas tuer pour manger. Ce n’était pas juste. Et même si en réalité, je ne le fais pas moi même, je n’en suis pas moins coupable.

Mais cela encore, ça ne suffisait pas. Je me suis documentée en lisant l’Enquete Campbell, en visionnant certaines vidéos chocs sur les abattoirs. Pas les plus populaires. Des choses qui passaient par là, et que je digérais mal.

En janvier j’ai décidé de réduire ma consommation de viande juqu’à ne plus en manger le soir du tout. J’en mangeais à chaque repas avant donc ca a été difficile, dans le sens ou je n’avais pas beaucoup d’alternatives. J’ai du me creuser la tête pour trouver de nouvelles choses à faire. Ca a pris du temps, ça s’est fait  progressivement, mais ça s’est fait. Surtout, ça s’est fait dans le plus grand des secrets, juste pour moi, car je ne voulais pas être influencée là dedans, ni par un côté, ni par l’autre.

 Je me suis rendue compte quelques mois après qu’en fait, c’était possible et que surtout, ça ne me manquait pas. Alors, j’ai réduit encore davantage ma consommation en n’en mangeant parfois pas le midi non plus.

Et puis début Aout, j’ai visionné Okja, film sur Netflix qui m’a réellement dégoutté. A partir de là, j’ai stoppé net la viande. Lors d’un barbecue deux jours plus tard, j’ai voulu jouer à la fille bien qui finit son assiette. J’ai tenté de prendre une bouchée de mouton. Et l’image du mouton vivant m’est apparu, la texture était désagréable, j’ai pu difficilement avalé, j’étais juste dégoutée de ce que je faisais.

Pour moi, c’était comme manger le chien de ma soeur, manger peut être même un être humain. Ca y est cette fois, le déclic était fait.

Je me suis documentée alors, j’ai modifié tous mes repas, j’ai découvert une tonne de blogs végétariens qui m’ont été bénéfiques pour ma transition. J’ai annoncé autour de moi que je ne souhaitais plus manger de viande et j’ai été confronté aux premières critiques lourdasses. 

Néanmoins, je ne me considère pas comme végétarienne aujourd’hui. Déjà car je mange encore du poisson, peu mais j’en mange. Donc je suis recalée d’office.

Rapidemment, je suis tombée sur Youtube sur des tas de vidéos explicatives sur les erreurs à éviter en devenant végétarien. D’abord, j’ai trouvé ça rassurant cette communauté et puis ça m’a fait flipper. Je me suis rendue compte que ce n’était qu’un autre moyen d’entrer dans les rangs.

Il faut que je réussisse tout ce que je fais dans la vie, je n’ai pas envie que mon régime alimentaire soit une autre source de compétition. Est ce que je fais bien? Est ce qu’une végétarienne ferait cela?

Car je vous connais, si je vous dis que je suis végétarienne, vous allez regarder du coin de l’oeil tous mes gestes en attendant que je fasse un écart, me secouer vos saucisses au visage en me disant “Dommage hein?”. Et je vois de là, vos sourcils se lever si je vous disais que le foie gras va me manquer. Mais je m’en fiche, je ne suis pas dans une case, je suis simplement mes envies, ce qui me rend heureux.

A la maison, je ne cuisine pas de viande, mais si quelqu’un cuisine un plat pour moi, je me vois totalement, mettre de côté la viande ou les lardons du plat sans crier au scandale.

J’ai dit à mon homme je ne veux plus manger de viande, il m’a dit “ok” d’un air tellement zen que je pensais qu’il se fichait de moi. Mais non, c’était normal pour lui, il était là aussi pour accepter mes convictions, on avait pas à en débattre, je n’avais pas à prouver pourquoi et comment. C’était ok.

Je n’ai absolument plus aucune envie de viande depuis ce jour. Pourtant, l’autre jour, en discutant à l’apéro, j’ai piqué une rondelle de saucisson en me disant “Merde!” mais trop tard, elle était mangée. Alors, à partir de quand peut on se dire véritablement végétarien? Quand notre comportement est réellement parfait? A partir de combien de jour d’arrêt? Est ce qu’un écart nous éjecte de suite du sacro saint piédestal du végétarisme?

Oui, peut être qu’un jour je serai la plus parfaite des végétariennes, sans aucune envie, sans aucun écart, mais si je continue à porter mes vêtements fabriqués par des enfants au Cambodge, je ne vaux rien non plus.

Alors voilà, je ne me considère pas comme végétarienne car je crois que ce mode de vie est juste une étiquette pour nous enfermer. Là où on m’enferme,  moi j’étouffe. J’ai envie de faire ce que je veux, je n’ai pas envie d’être scrutée pour voir si je respecte bien les codes de mon “nouveau groupe”.

Je choisis donc de parler ici de ce mode de vie, mais de ne pas en faire un flan, de ne militer en faveur  ou contre rien du tout, de ne pas partager à qui le voudra mon super mode de consommation que tout le monnnnde devrait tester. Parce que je fais des erreurs aussi, je suis loin d’être un exemple. J’ai acheté du tofu plein de pesticides au supermarché asiatique, j’ai trié le jambon de mon riz cantonais, et peut être que j’en ai mangé un milligramme, mais je m’en fiche.

A chaque repas sans viande, je me dis que j’aurai sauvé un animal, ce n’est pas grand chose c’est clair, mais c’est ce qui me rend heureuse aujourd’hui. Je peux regarder ce chien qui passe chez moi chaque jour et lui dire “je te veux du bien.” Vraiment.

Je n’ai pas un coeur pour les chiots craquants et un autre pour les cochons, veaux, agneaux à l’abattoir.

Mais vous faites ce que vous voulez, ne suivez surtout pas mes convictions, suivez les vôtres, celles qui sont en cohérence avec vous, avec la personne que vous êtes aujourd’hui.

J’aurai pu arrêter net la viande il y a un an, peut être que j’aurai repris depuis, car je n’étais pas prête. Peut être que je reprendrais un jour, que je limiterais seulement, quoiqu’il en soit,  je ne veux pas afficher partout que j’appartiens à cette jolie case de végétarienne. Parce qu’il y a une seule chose qui peut me définir, c’est que je suis en paix avec qui je suis.

Donc non, je ne suis pas végétarienne, je suis heureuse. J’ai réfléchi, j’ai pris mon temps et j’en suis là aujourd’hui.

Et vous ? 

Je voulais vous partager une vidéo de Laetitia Le corps la maison l’esprit, sur le sujet. Elle explique bien mon ressenti.

Photos: Pixabay