“Tu as de la chance de voyager ! ” et autres idées reçues

 Je vais tenter à travers cet article de vous faire part de mon point de vue sur cette légende urbaine : « Tu voyages, quelle chance tu as ! ». Cette idée reçue est d’ailleurs souvent suivie de : « Moi je ne peux pas à cause de mon âge/mes moyens financiers/mon travail/mes enfants”. J’espère que le blog en lui-même vous permettra de penser le contraire, mais ce que je voulais particulièrement vous faire remarquer aujourd’hui c’est que le voyage n’est pas une chance. C’est un choix de vie.


Le voyage est donc un choix. Oui, j’ai choisi de faire des sacrifices pour me permettre de vivre ma passion des rencontres et des voyages. Des sacrifices ? Je vois votre regard sceptique. Alors reprenons depuis le départ.

Lorsque j’évoque avec des connaissances mes voyages, les gens sont surpris que je puisse “me permettre” tous ces voyages. Alors j’aime leur répondre: combien avez-vous dépensé ce mois-ci pour faire du shopping, aller au cinéma ou au restaurant ? Moi rien. Combien a coûté votre téléphone portable ?

Pour nous permettre, mon compagnon et moi, de voyager autant, nous n’avons pas gagné au loto… Nous économisons au quotidien. Nous avons peu de possessions, de biens matériels et nos économies nous servent à payer nos futurs voyages. Dans notre vie quotidienne, nous réfléchissons à deux fois avant d’aller au restaurant ou au cinéma. Des plaisirs accessibles régulièrement aux personnes qui ne voyagent pas autant. C’est donc simplement une autre façon de vivre que nous avons mis en place.

Au fond, c‘est petit à petit que l’on trouve les ressources nécessaires à nos voyages. Toutes ces fois où l’on préfère recevoir chez nous plutôt que de manger dehors, reposer un vêtement qui nous fait de l’oeil plutôt qu’acheter compulsivement, finissent par nous payer une autre aventure.

Pour vivre nos voyages, il y a eu des périodes où l’on a préféré ne pas prendre de vacances pendant de longs mois afin de partir plus longtemps ensuite. C’est ce que font aussi les personnes qui partent en tour du monde. Elles savent que cela signifie souvent “une année sans voyages avant une année pleine de voyage.”

Des doutes quant à notre choix de vie, il y en a

Cette vie qui fait rêver si on la prend au moment T du voyage cache quelques moments de doutes. Souvent, on se demande si l’on fait le bon choix.

 D’ailleurs dans cette démarche, j’ai la chance que mes parents soient tolérants et me soutiennent à 100%. Mais je suis sans cesse confrontée à d’autres personnes moins ouvertes sur ce mode de vie “nomade”. Vous savez, ces personnes qui tentent de vous ramener à la réalité : « Tu ne penses pas à ta retraite ? », “Et ta carrière alors ?”.

Honnêtement, j’ai accompagné tellement de jeunes malades jusqu’à leur mort que la retraite est le cadet de mes soucis. En voyageant, je refuse une vie organisée autour d’un travail où je vais le matin en soupirant. En voyageant, je choisis de gagner moins, de voir moins mes amis, de ne pas acheter d’appartement. Je choisis de prendre des risques pour mener une vie qui me ressemble.

Je ne veux pas sous-entendre que votre vie, si vous ne voyagez pas, n’est pas assez belle. Si c’est celle qui vous rend heureux, tant mieux. Je suis consciente aussi du fait que voyager n’est pas donné à tous. Je le sais, car je ne voyageais pas enfant. Mes parents ne pouvaient se permettre des road-trip aux Etats-Unis ou des séjours en Espagne.

 Mais ce que je voudrais vous dire, c’est que toutes les personnes qui ont pris la décision de voyager, de s’expatrier, de faire un tour du monde, ne font pas cela parce qu’elles ont touché le jackpot. Non, elles ne vont pas se la couler douce pendant que vous, vous allez devoir travailler pour payer vos impôts. Elles payent des impôts, elles ont dû travailler elles aussi. Aussi si elles voyagent autant, c’est parce qu’elles se restreignent dans d’autres domaines.

Moi-même, j’ai travaillé dès mes dix-huit ans pendant toutes mes vacances scolaires et les week-end. Quand mes amis étaient occupés à décuver, je me levais à cinq heures tous les dimanches matins pour toucher un mini-salaire. C’était comme ça. Aujourd’hui, je considère que cela m’a servi. Oui, mes parents m’ont énormément transmis la valeur de l’argent. Cela dit, je préfère le dépenser pour m’enrichir de souvenirs, que pour des biens matériels.

Mes parents ne m’aident pas pour financer mes voyages. Je mets simplement la plupart de mes économies là dedans pour me permettre de vivre ainsi. Car je ressens au fond de mon cœur que j’en ai besoin. Parce que voyager me donne des réponses sur moi-même et me donne l’impression que ma vie vaut la peine d’être vécu. Parce que si je devais me lever tous les matins pour aller travailler comme tout le monde, je serais éteinte. Et je ne veux jamais devenir l’ombre de moi-même. Simplement pour quoi ? Gagner ma vie ? Je considère aujourd’hui que j’ai déjà gagné ma vie, et maintenant, je veux la vivre. 

Je ne veux pas d’une vie comme tout le monde, je veux d’une vie qui me ressemble. Et je compte bien la vivre à ma façon jusqu’au bout.

Aujourd’hui, je réalise ma vie en vivant mes rêves. Et si demain, je m’éteins par mégarde en traversant la route, j’aurai le coeur tellement léger, que cela vaut tous les sacrifices du monde.