Rapport à l’argent et mental : comment s’en libérer?

Cela fait plusieurs mois que je souhaite écrire sur le sujet de notre rapport à l’argent. Même s’il est parfois considéré comme tabou, il me semblait essentiel d’aborder ce sujet avec vous, sans barrière et de la façon la plus simple possible.

Manque de pot, la façon la plus simple est parfois la plus longue. Cet article a donc été coupé en deux et comporte une version audio pour mieux comprendre ce que j’y exprime.

Aujourd’hui, je vais évoquer le lien entre rapport à l’argent et mental. Dans le prochain article, je développerais le lien entre argent et spiritualité.

Début du parcours : la période où il fallait travailler pour vivre.

Quand j’étais plus jeune, mes parents n’avaient pas une tonne d’argent de poche à me donner.  Ils m’ont donc appris très tôt la valeur de l’argent. Même si je ne me suis jamais sentie privée ni limitée, j’ai rapidement compris à quel point l’argent était présent dans nos vies et quelque part, en corrélation avec notre bonheur.

Dans notre société, l’argent nous garantit finalement une sorte de sécurité, un contrôle sur ce que l’on vit. Avec de l’argent, on sait ce que l’on mange, où l’on peut vivre, il y a moins d’incertitudes quant au futur.

Lorsque j’ai touché ma première paie, j’avais pour la première fois de ma vie, beaucoup d’argent. C’était la liberté. Je me suis alors glissée dans un mode de vie où je pouvais dépenser sans compter : j’allais au restaurant, au cinéma, j’achetais des vêtements plusieurs fois par mois. Ils finissaient entassés dans une armoire mais qu’importe :  ça me donnait le sourire d’avoir toutes ces choses « à moi ». J’étais dans le moule de l’hyper consommation, où l’acquisition d’un nouvel objet me donnait le sentiment d’avoir une belle vie. Une vie où gagner plus était un but à atteindre.

Mais qui étais-je dans tout cela ? Est-ce que l’on avait créée ce monde dans le but de s’enrichir, d’acheter toujours plus ?

Est-ce le but de nos vies que d’avoir un maximum de « choses à nous », fabriquées par un Homme pauvre et souffrant à l’autre bout du monde ? Où se place l’amour là-dedans ?

Le déclic : mon travail en service de cancérologie.

A force d’accompagner des personnes mourantes, j’ai peu à peu changé sur mon rapport à l’argent. Tombée dans le piège d’une vie bien rangée, où après avoir payé quelques factures, on pouvait profiter en dépensant tout ce qu’il nous restait, j’ai eu une énorme prise de conscience : était-ce bien la vie que je voulais ?

De nombreuses personnes font tout leur possible pour gagner un maximum d’argent et ont l’ambition de devenir quelqu’un « d’important », car prospère. C’est une idée très forte dans notre société. Mais je ne m’y retrouvais pas.

A partir de là , j’ai osé sortir de ce modèle pour m’aventurer vers moins de sécurité. J’ai décidé de vivre plus en accord avec mes désirs, loin de toute carrière à faire ou ambition à avoir. Concrètement, j’ai plaqué un CDI pour m’expatrier avec l’homme que j’aimais. J’ai alors commencé à dépenser mon argent sans vraiment penser à mon avenir.

Cela aurait pu être dramatique. J’aurai pu tout perdre, ne pas retrouver de travail… C’est vrai. Et je constate que c’est la peur de nombreuses personnes qui n’osent pas vivre leurs rêves.

Par exemple, un jour, quelqu’un m’a dit : « J’aimerai moi aussi partir voyager, mais j’ai peur de finir à la rue si ça se passe mal. » J’ai donc demandé à cette personne combien elle avait sur son compte. La réponse était « douze mille euros »… Alors, j’ai une question: pensez-vous réellement, vous aussi, pouvoir dépenser douze mille euros en voyageant ? A travers mon expérience du voyage, je peux vous dire que même en faisant le tour du monde pendant un an, il y a des chances pour que vous ne dépensiez même pas la moitié de cette somme.

Alors pourquoi avons-nous si peur ?

Pour moi, si l’on a aussi peur d’en manquer, c’est parce qu’à notre époque, chacun de nos gestes est régit par l’argent. Combien l’on gagne parait donc avoir une incidence directe sur notre état de bonheur. Combien y a-t-il de personnes qui n’osent pas se reconvertir, divorcer, se faire plaisir par peur de manquer d’argent ensuite ?

Alors, voyons voir… Que ce serait-il passé si cette personne avait dépensé toutes ses économies dans ce voyage ? Elle aurait certainement cherché à nouveau un travail et en aurait trouvé un. Après avoir dormi quelques mois sur le canapé d’une amie ou chez ses parents, elle aurait repris le cours normal de sa vie. Plus de peur que de mal en somme.

Mais évidemment, je comprends cette jeune femme. Au début, j’avais moi aussi, les mêmes peurs. Je me disais que de toute façon, je ne pourrais jamais me payer un voyage (ou globalement avoir la vie de mes rêves) … Et puis je l’ai fait une fois, deux fois, et j’ai fini par me rendre compte que voyager ne coutait pas si cher, que c’était possible.

Avec le temps, j’ai fini par comprendre que ce n’était pas l’argent le problème dans ce mode de vie, c’était le fait d’avoir le courage de se lancer.

En réalité, l’argent n’est qu’une excuse de votre mental pour vous permettre de rester dans votre zone de confort. Souvent, vous croyez ne pas pouvoir vous le permettre financièrement, mais tant que vous n’aurez pas essayé, vous ne saurez pas à quel point ça peut marcher.

S’en libérer, est ce possible ?

Vous voulez savoir pourquoi il est si compliqué de se libérer de cette peur de manquer d’argent ? Toute notre vie, notre mental a été construit par les discours des autres, les personnes que l’on a rencontré… Quand on a entendu toute son enfance « de faire attention à l’argent », « de bien travailler à l’école pour ne pas dormir dehors une fois adulte. », forcément, ça marque.

De plus, certaines études font référence à ce qu’on appelle « l’inconscient collectif ». En effet, une part de notre conscience serait propre à nous même, et une autre serait plus « générale », regroupant inconsciemment les modes de pensées de toutes les âmes ayant vécues. C’est-à-dire qu’il y a en vous, une part de votre esprit qui pense en fait comme votre arrière grand-père ! Manque de chance, il ne pensait qu’à travailler pour ramener l’argent à sa famille et pouvoir la nourrir. Ainsi, vous aurez beau vous battre pour vous détacher de votre peur de manquer d’argent, bien souvent, elle sera toujours là, car cette part de votre conscience vit toujours en vous.

Voilà le réel problème auquel nous sommes confrontés, il y a d’une part notre besoin d’accomplissement personnel, car nous ne manquons ni d’un toit, ni de nourriture, et de l’autre, cette part de notre mental qui converge vers un tout autre but. La génération précédente a connu des situations où la nourriture manquait. Les enfants allaient travailler rapidement et on ne leur demandait pas leur niveau de bien être. Et il vit toujours en nous cette idée.

Comment vous en détacher ? Pour moi, le meilleur moyen est déjà d’en prendre conscience. Il est bon de se rappeler que nos peurs liées à l’argent ne proviennent pas de notre âme véritable. Tous les livres d’éveil spirituel sont d’accord sur ce point : vous libérer de votre mental est la meilleure chose à faire. Ok, mais comment on fait concrètement ?

Le plus évident c’est de prendre conscience qu’il y a bien ces deux parties qui vivent en vous : votre mental, ses peurs profondes, ses blessures et de l’autre côté, votre âme, avec sa mission de vie, le cœur de ce que vous êtes vraiment.

Pour se faire, la méditation est d’une grande aide. Un instant pour vous dire : « Tiens, il y a cette idée là en moi, d’où vient elle ? De mon intuition ? Ou de mon mental ? A qui me fier ? ». Peu à peu, vous pourrez prendre du recul par rapport à la pensée récurrente « N’y vas pas, tu vas manquer d’argent. » et vous conviendrez que votre âme véritable, elle, veut tout le contraire.

“Tu dois gagner le plus d’argent possible.”

S’il y a autant de peurs quant à l’argent en vous, c’est aussi car vous entendez chaque jour à quel point c’est important d’avoir de l’argent. « Tu dois gagner le plus d’argent possible. » Voilà une croyance qui a la peau dure dans ce pays.

Ado, on m’a demandé de choisir une voie qui me permettrait de bien gagner ma vie, mais jamais mes professeurs ne m’ont demandé si je serais heureuse dans cet emploi. Cela ne semblait pas compter. Depuis que j’ai mon entreprise, on me demande sans arrêt combien je gagne. Comme si les gens voulaient savoir avant tout si je serais assez en sécurité.

Alors que moi, honnêtement je me fiche royalement de gagner “bien ma vie”. J’ai déjà gagné ma vie, maintenant je veux la vivre. Si je vous parle ici, sur Instagram si je fais du coaching, ce n’est pas pour devenir puissant dans ce domaine et devenir riche. C’est simplement pour inspirer autour de moi de nombreuses personnes à être dans la bienveillance envers elles mêmes et envers les autres. Car je considère que c’est de ça dont le monde a le plus besoin. Dans ce monde prônant l’hyper sécurité, où l’on entasse nos économies pour s’acheter sa place au cimetière, cette idée là compte peu aujourd’hui, il faut le reconnaitre.

Je l’avoue, je suis en désaccord total avec cette société où l’on valorise les personnes qui gagnent beaucoup d’argent. Moi, je valorise les êtres conscients, spirituels, bienveillants avec les autres. Mais nous sommes peu encore aujourd’hui à penser différement à ce sujet. Je vois mes amis, certains de mes proches, prendre une voie bien différente parce que le plus important pour beaucoup est d’avoir une situation stable, où l’on gagne bien sa vie, pour pouvoir ensuite penser à quelques plaisirs.

Mais au final, cette envie de bien gagner sa vie, est-ce une idée venant de notre âme ou en lien avec ce que la société nous impose ? Et je vous le demande aussi: est ce que la mienne n’est pas un simple fantasme tiré d’un livre de développement personnel écrit après un trop plein de psychotropes?

Est-ce que l’un a raison et l’autre a tort? Je ne le crois pas. Chacun vit le chemin le plus juste pour lui au moment T. Réflechissons alors d’une autre manière :

 Et s’il n’y avait pas d’argent, comment vivrions-nous? Pour quoi vivrions-nous?

 

Gagner moins pour vivre mieux

Avec le temps, je me suis rendue compte que je pouvais vivre tout à fait convenablement avec moins d’argent.

Oui, aujourd’hui, je “gagne moins” que lorsque j’étais infirmière. Mais finalement, si j’ai moins d’argent sur mon compte à la fin du mois, je gagne à la place, beaucoup plus d’apaisement, de joie et d’accomplissement. Ma vie aujourd’hui est beaucoup moins stressante et bien plus heureuse. J’ai la possibilité de voir l’homme avec qui je vis de nombreuses heures, de cuisiner des plats-maison à chaque repas, de prendre mon temps. Je n’ai aucun impératif quant au programme de ma journée. Je n’ai pas le stress des embouteillages, du réveil qui sonne trop tôt, des transports en communs à prendre.

Est-ce un luxe que beaucoup ne pourront jamais se permettre ? A vous de voir. Vous pouvez penser que j’ai une chance inouie, ou alors vous pouvez chercher comment parvenir vous aussi à une vie plus en accord avec vous-même, malgré votre situation. Il y a toujours un moyen de vous simplifier la vie. Rien n’est immuable, rien n’est impossible, tout dépend de notre façon de pensée.

A votre avis, de combien avons-nous réellement besoin pour vivre ? Et surtout, de qui vous vient cette idée ?

C’est vrai, c’est assez rassurant de posséder beaucoup de belles choses, une belle voiture, un bel appartement, des meubles splendides, mais pour moi, ça ne fait pas de vous qui vous êtes. Du moins, vous n’êtes pas nés pour vous enrichir sur ce plan là (vous mourrez d’ailleurs sans toutes ces choses que vous possédez aujourd’hui).

Même si je vis normalement, je recherche désormais une vie plus simple avec le moins de choses matérielles possibles. Je ne suis pas allée faire du shopping depuis un an, je ne cesse de me séparer de vieux vêtements ou livres qui trainent chez moi et par chance, la plupart des activités qui me rendent heureuses sont gratuites.

C’est vrai, je suis habillée souvent pareil, mes assiettes sont écaillées, mes draps sont dépareillés, mais est ce que c’est ça le plus important dans ma vie ?

Pour moi c’est un peu comme lorsqu’on va chez le coiffeur, on se trouve tellement bien moralement quand on en sort : on sent qu’on peut soulever des montagnes, parce qu’on a d’un coup confiance en nous. S’acheter des vêtements neufs ou avoir un appartement qui en jette, c’est la même chose. On le veut car ça nous donne un sentiment positif sur nous même. Ca donne aux autres l’image que l’on a une belle vie car l’argent est associé à la puissance, au bonheur dans notre société. Mais au fond, qui êtes vous sans votre argent?

En réalité, oui, je suis effarée de voir à quel point l’argent contrôle nos besoins aujourd’hui et j’envie ce genre de culture où les gens cultivent leur propre nourriture, se soignent avec des plantes… Ces civilisations où pour répondre à leurs besoins primaires, les gens sont dépendants seulement du climat, des éléments, de quelque chose de purement naturel. Je les envie, car ils sont loins des problèmes modernes que nous nous sommes créés, et ont donc bien plus de temps à consacrer à l’essentiel.

Avec le temps, nous nous sommes complètement séparés de notre raison d’être en vie. Je crois que l’on voit le temps passer, le nez dans le  guidon, en se raccrochant à des éléments matériels pour notre bonheur. Notre série préférée qui passe à la TV, nos nouvelles baskets, notre promotion… Et il est grand temps d’en sortir. Le monde n’a pas besoin de cette gue-guerre au sujet de qui possède le plus, qui a le mieux. Vous n’êtes pas né pour cela (même si vous avez le droit de le penser).

Le problème de notre rapport à l’argent est donc principalement lié à tout ce qu’il représente aujourd’hui dans notre société : la peur de l’instabilité, de l’insécurité, de ne pas avoir de toit ou à manger. Se libérer de cette peur, c’est se permettre quelque part, d’oser faire l’expérience véritable de la vie sur Terre. Car l’argent, qui contrôle aujourd’hui tous nos besoins, est finalement, un concept très récent à l’échelle de l’Humanité.

Pour vous aider à faire évoluer votre rapport à l’argent, le prochain article s’attaquera à une vision plus spirituelle de ce sujet. Il abordera des clés pour changer votre regard sur l’argent.