Premier trimestre de grossesse : réflexions, ressentis, cheminement…

Arrivant dans mon 5e mois de grossesse, j’ai décidé de reprendre la plume pour une série d’articles plus personnels sur le déroulement de cette aventure. Pourquoi ? Parce que j’avais envie de laisser une trace de mon cheminement quelque part, mais aussi parce que je ressentais le besoin de partager cela avec les autres femmes. Il y a une myriade d’informations sur internet concernant la grossesse mais peu vont au-delà des éternelles nausées matinales et de la fatigue. “Qu’est-ce qui se passe vraiment dans notre tête quand on est enceinte ? Qu’est ce qu’on vit ? Que ressent-on ?”  Aujourd’hui, je vous livre donc un partage personnel sur le premier trimestre de grossesse, en lien avec ma vérité et ma propre histoire. Peut-être que vous vous y retrouverez un jour, peut-être pas. Ceci n’a aucune importance.

Tomber enceinte entraîne un vrai bouleversement dans la vie d’une femme. Mais aussi, et on s’y attend moins, dans celle de son compagnon et dans la vie d’un couple. Le changement est rapide, profond, d’une intensité dingue. Et pourtant, je n’étais pas au courant avant ma grossesse de l’ampleur de celui-ci.

Qu’on se rassure, cette phase est tout à fait normale. Lorsque l’on est enceinte, on se construit à nouveau d’une tout autre façon. On fait de la place à ce nouvel être qui occupera désormais nos vies, nos cœurs et nos pensées. Mais comme tout changement, il amène son lot d’émotions, de remises en question et de doutes. Ainsi, je voulais vous partager aujourd’hui le début de cette folle aventure : mon premier trimestre de grossesse et mon parcours intérieur tout au long de ces 3 mois.


Faire un enfant : et si ce n’était jamais le bon moment ?

Je me suis longtemps demandée comment on se disait un jour “c’est le moment de faire un enfant”. Personnellement, je voulais un enfant depuis toujours. Avec mon chéri, nous savions tous les deux que nous voulions devenir parents. Pourtant, tout cela paraissait très loin et vague. Ce n’est pas la chose que l’on envisageait à notre premier rendez-vous, ni même la première année. Cela dit, le temps a filé, notre complicité a grandi et un jour, il est devenu évident pour lui comme pour moi que nous voulions un enfant ensemble. Ça n’a pas fait l’objet d’une réflexion, c’était un fait. Naturel. Évident.

Nous voulions un enfant pour laisser une trace de notre amour sur cette terre, mais aussi pour transmettre nos valeurs, ce qui nous anime, ce en quoi on croit le plus fort. Avant cela, nous avions un âge approximatif auquel, tous les deux, nous voulions cet enfant. Par exemple, Joël s’est toujours dit qu’il serait papa à 27 ans (jackpot !). Pourtant, c’est notre voyage au Canada qui a été le déclic. Je ne vous en ai jamais parlé ici, mais la rencontre que nous avons faite à l’époque avec D. et son fils à Montréal a été décisive pour nous deux. Leur relation était touchante et magique. Nous nous sommes dit tous les deux : « Si avoir un enfant peut être un tel bonheur, alors j’en veux un maintenant  !».

Au final, j’aurais pu avoir pleins d’autres projets à réaliser avant d’avoir un enfant. Mais quand je pesais le pour et le contre, je me disais que ma vie aurait perdu du sens sans ce bébé. Nous étions à une étape de nos vies où nous avions réalisé tous nos rêves. C’est comme si d’un coup, il manquait seulement celui-ci. Les autres projets auraient bien le temps de fleurir un de ces jours.

Durant des années, j’ai pensé que j’attendrais d’avoir une situation stable pour accueillir un enfant. Acheter un appartement, gagner assez d’argent… Mais la réalité c’est que nous n’avions rien de tout cela au moment de notre déclic. J’ai entendu un jour qu’il n’y avait jamais de moment parfait pour avoir un enfant. Après des mois à chasser mes croyances limitantes, je n’ai vu que la vérité dans cette phrase.

Je crois que quelque part dans le monde, il y aura toujours mieux que notre situation actuelle, parfois pire aussi. Quoi qu’il en soit, ce ne sont pas les chiffres sur notre compte en banque ou notre contrat à durée indéterminée qui contribueront à rendre cet enfant heureux. Je pense qu’il faut juste se faire confiance, faire confiance en la vie et avoir de l’amour à donner.

Premier trimestre de grossesse : “Je suis enceinte ! “

Nous étions donc pleinement décidés à prendre ce chemin. Et c’est 9 mois après que mes premiers symptômes de grossesse sont apparus. En faisant du yoga, j’ai développé une conscience assez importante de mon corps. Ainsi, j’ai senti directement qu’il y avait quelque chose de différent. En effet, on dit généralement qu’en étant enceinte, on a des douleurs de règles. Cependant, pour moi, ces douleurs ont commencé à se faire sentir bien avant la date prévue et elles étaient très différentes de ce que je connaissais. Je me suis dit : « Cette sensation m’est étrangère, il y a quelque chose de spécial !  ».

Cependant, en ayant eu déjà plusieurs longs retards, je faisais exprès de ne pas trop m’emballer, de couper mon intuition et j’ai fait un test seulement au bout de 10 jours de retard. Le test est devenu bleu de suite. J’étais à la fois confuse et rassurée. Je suis retourné au lit. Je l’ai dit à Joël. On était comme deux cons tous les deux. Une ambiance un peu bizarre et à la fois remplie d’émotions. Et puis, on s’est rendormis. En fait, rien n’avait changé.

A cette époque, nous étions à Cologne en train de faire du dog-sitting. Nous devions ensuite aller en Angleterre pendant encore trois semaines. Il fallait donc voir un médecin sur place afin de faire une prise de sang pour confirmer ce test. Or, il n’existe pas de laboratoires d’analyses en Allemagne. Ce sont les médecins qui font ces analyses. Un gynécologue allemand m’a donc fait une échographie pour confirmer que oui,  il y avait bien quelque chose. Qu’un cœur battait et que tout était au bon endroit.

Ça a commencé à me parler un peu plus. Mais mon chéri (qui n’avait pas pu être là pour une histoire farfelue) était encore dans le flou. Être enceinte ne voulait pas dire grand chose pour moi, et pour lui, encore moins. Je n’avais pas de ventre. Nous n’avions pas de maison. Nous étions loin de nos proches et entre nous, on en parlait peu. En réalité, durant ces premiers jours, notre vie n’a pas vraiment changé.

Une annonce à laquelle il faut se faire, avec du temps…

Oui, je rêvais de ce bébé depuis des mois, mais le test positif n’a pas eu l’effet attendu. J’attendais ce sentiment d’épanouissement et de bonheur indescriptible que tout le monde évoque. Au contraire, moi, j’étais envahie d’une profonde angoisse devant cette nouvelle. Il y a une véritable différence entre “vouloir un enfant” et “être sur le point d’avoir un enfant”. Nous avions passé tellement de mois à être déçus que quelque part, on n’y croyait pas vraiment. Ça paraissait complètement irréel.

Les premiers sentiments que j’ai eus au sujet de cette grossesse étaient donc surtout des doutes et des remises en question : « Est-ce que je vais y arriver ? Va-t-on être de bons parents ? Qu’est ce que cela va changer dans notre couple ? ». Et puis, il vient ensuite se glisser cette crainte très présente durant les 3 premiers mois : la peur d’une fausse couche.  On est heureux mais avec prudence.

Voilà comment j’ai vécu ces premiers semaines. D’un côté, pas une grande différence dans ma vie, de l’autre, l’angoisse entre deux moments de joie. Et en même temps, un tel sentiment de gratitude pour ce cadeau de la vie. Le fait que cette nouvelle soit arrivée alors que nous vivions notre vie à l’étranger, sans stabilité, en suivant notre coeur, c’était pour moi un vrai “Oui !” de l’Univers. Une invitation à continuer sur cette voie, à poursuivre notre chemin en dehors des cases.

Les signes du premier trimestre de grossesse

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Et puis, même si le mental ne s’est pas encore fait à cette nouvelle, le corps lui, est bien au point. Tout de suite après cette visite chez le gynécologue, j’ai commencé à avoir des nausées. Pas matinales pour ma part. Elles venaient au réveil, à 16h et en soirée. Bref presque tout le temps. Rien que l’odeur du frigo me donnait des hauts le cœur. Et avec cela, une profonde fatigue m’envahissait… J’avais l’impression d’avoir pris une cuite et de me coltiner une grosse gueule de bois. Heureusement, cela a duré seulement 10 jours.

Ensuite, j’avais toujours des envies alimentaires farfelues (manger de la soupe au goûter par exemple), mais j’étais dégoûtée de plein d’autres choses. Je me rappelle que l’on s‘est dit avec mon compagnon : ” 9 mois comme ça, ça va être très très long !”. Si vous êtes actuellement dans ce cas, rassurez-vous, tout s’atténue au second trimestre. (Du moins, je l’espère pour vous).

En dehors de cela, je continuais à travailler (au ralenti), à m’occuper des chiens que l’on gardait, à voyager. Et puis, début septembre, il a été temps de rentrer en France pour quelques examens médicaux. Qui dit retour en France, dit partage de cette nouvelle avec nos proches… Et c’est là, à force d’en parler autour de nous, qu’on a commencé à faire une place dans notre vie à cette grossesse.

Et soudain tout change…

Cependant, c’est véritablement lors de la première échographie que cela est devenu concret pour nous deux. Voir notre bébé sur cet écran a été un vrai déclic. Cette rencontre nous a plongés dans une bulle d’amour pendant plusieurs jours… On était sur un petit nuage. Le découvrir avec ses deux jambes et ses deux bras. Savoir qu’il était en bonne santé. Connaitre le sexe. Le voir bouger. Entendre son coeur battre… Nous commencions vraiment à nous projeter tous les deux. Ce bébé était bien réel et déjà en demande d’amour.

Ainsi, même si les craintes s’étaient déjà bien dissipées, j’ai commencé à vivre ma grossesse de façon plus fluide à partir de la 13e semaine. Tout était plus intuitif, organique. J’étais d’un coup, profondément reconnectée à mon corps et à cet être qui vivait visiblement en moi.

Une évolution du corps et de l’esprit…

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Le premier trimestre a été également l’occasion de changements psychiques. J’ai véritablement eu l’impression d’évoluer personnellement durant cette période. De manière rapide et intense.  J’avais vraiment envie de ralentir, de lâcher prise, de m’écouter. Je me fichais de gagner plus ou moins, de travailler dur. Je voulais me laisser de la liberté, prendre du temps pour moi.

D’autre part, la grossesse m’a rapproché énormément de ma force intérieure. “J’ai réussi à construire un être humain !”. Cela m’a donné une bouffée de confiance en moi et l’envie de m’affirmer comme jamais. Par exemple, je me souviens qu’avec Joël, on est allés à un concert, entourés d’étudiants, et qu’on a dansé comme des tarés sans se préoccuper du regard des autres pendant des heures. Comme si rien ne pouvait nous arriver. Comme si plus rien d’autre ne comptait que la force de notre amour qui était capable de construire une petite vie humaine…

Premier trimestre de grossesse : un instinct qui se développe

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J’avais aussi le sentiment de savoir instinctivement ce qui était bien ou non pour mon corps et mon bébé. Et  je n’avais aucune envie de débattre là-dessus. J’avais l’impression qu’être enceinte était la chose la plus naturelle au monde. Je n’avais aucune peur d’accoucher (c’est toujours le cas d’ailleurs). Et quelque part, j’avais le sentiment d’être reliée à toutes les femmes qui ont connu cela avant moi. Je partageais un regard entendu avec les mères que je croisais dans la rue.

D’ailleurs, la grossesse m’a donné envie de participer à mon premier cercle de femmes en octobre. C’était un moment fort d’échanges et de partages sur la maternité. L’occasion de se retrouver entre femmes pour partager nos blessures, nos doutes, nos peines et quelques joies aussi.

Au fil des semaines, les choix se sont affinés également pour déterminer mon accouchement. Instinctivement, je voulais d’une naissance naturelle, sans péridurale. Mais à force d’entendre les autres femmes en parler, j’ai laissé une fenêtre ouverte à cette fameuse péridurale.

Aujourd’hui, je me dis qu’on verra bien, qu’il existe des moyens qui ne m’empêcheront pas de participer pleinement à mon accouchement. J’ai d’ailleurs parfois l’impression qu’accoucher sans péridurale est très valorisé aujourd’hui. Qu’à la limite, on dénigre les femmes qui font un choix différent. Personnellement, je décide simplement de me laisser le choix. Ce que je veux par contre, c’est accompagner spirituellement ce bébé tout au long de la grossesse et lors de l’accouchement. Mais je vous en reparlerai pour le second trimestre.

Être à l’écoute de son corps

Enfin, la dernière chose qui m’a fait tilt durant ces trois mois, c’est que mon corps savait exactement ce qui était bon pour moi depuis le début de ma grossesse. J’avais seulement à l’écouter et à lui faire confiance. Par exemple, j’ai fait le choix de répondre à mes envies de sucre alors que je n’en mangeais plus depuis des mois. Durant des semaines, j’étais dégoûtée du fromage, ce qui tombe bien car beaucoup sont interdits durant la grossesse. J’avais des douleurs dans le bas ventre lorsque je portais mon sac de 10 kilos entre deux voyages. J’avais des maux de tête ou des nausées en sentant des huiles essentielles que j’adore d’habitude. (Elles sont interdites durant les 3 premiers mois de grossesse). En bref, votre corps maîtrise tout ! Il sait exactement ce qui est bon ou mauvais pour vous. C’est donc un excellent moment pour revenir vers lui et se mettre à son écoute.

Premier trimestre de grossesse: des lectures pour savoir comment être enceinte

premier trimestre de grossesse

En revenant à Nice, j’avais l’impression de ne pas m’être assez renseignée sur la grossesse et la maternité durant ces premières semaines. (Bonjour mon petit saboteur). Je me suis donc mise à acheter de nombreux livres (chers !) sur ce sujet. Des livres qui ont finalement entraîné beaucoup plus de confusion qu’avant. Des livres où je me sentais culpabilisée, où le discours était moralisateur, où l’on parlait des pires choses qui pouvaient arriver.

Ou alors on indiquait qu’il fallait suivre d’autres pratiques, alternatives, mais tout aussi codifiées :  allaitement maternel, accouchement sans péridurale, rituels de grossesse, cododo, éducation bienveillante… Une simple autre case dans la société. Ces livres me donnaient l’impression d’une course à la maman parfaite. En résumé, j’ai détesté toutes ces lectures et j’ai décidé une chose :  me faire confiance.

En fait, je crois que la facilité avec laquelle nous pouvons avoir des informations aujourd’hui est souvent une chance, mais parfois un véritable cauchemar. Cela nous empêche bien souvent de nous rapprocher de notre intuition, de nos ressentis, et on en vient à faire les choses sans se demander ce qui est en lien avec nos tripes et notre cœur.

Pourtant, dans cette période de ma vie, c’est dingue comme mon intuition est développée. Il serait dommage de ne pas lui faire de place. J’ai aussi l’impression qu’il n’y a pas deux grossesses identiques. Alors, pourquoi vouloir à tout prix mettre les femmes dans des cases ? (Le bébé bougera à telle semaine, vous devrez limiter telle activité physique etc…).

Et si au final, il fallait éviter de lire ?

Mon compagnon a une vision beaucoup plus instinctive des choses que moi. Il ne se renseigne pas tellement sur la maternité et pourtant, je suis sure qu’il saura faire parfaitement le jour J, simplement, en apprenant sur le tas. Peu importe nos choix, nous ne serons pas des parents parfaits, mais nous serons les parents parfaits pour notre bébé. Avec nos maladresses, nos doutes, nos failles. Mais aussi notre façon de voir la vie, notre douceur et notre amour.

Dans ces livres, j’ai d’ailleurs trouvé la place du père tellement réduite. On évoque qu’il est bon qu’il soit présent pour aider madame à la maison pendant qu’elle s’occupe de bébé. Depuis les années 50, les choses auraient-elles si peu changé ? Monsieur est déjà présent à  la maison autant que moi, voire plus, n’a-t-il pas un plus grand rôle à jouer qu’être un soutien passif ? Rapidement, je me suis donc mise à la recherche de moyens de l’intégrer à cette aventure un peu plus. La méthode Bonapace, l’haptonomie. Je vous en reparlerai bientôt…


J’aurai encore tellement à vous partager, mais je garde un peu de matière pour mes prochains articles. Vous l’aurez vu, ces trois premiers mois ont été parfois difficiles pour moi. Et à la fois, ils ont marqué le début de cette aventure merveilleuse. L’une des plus belles que j’ai eu à vivre jusqu’à présent.